Les 22 fondateurs de la SIM

C’est grâce à 22 jeunes industriels du Sud Alsace portés par l’envie de stimuler et de développer l’esprit d’entreprendre que la SIM fut fondée en 1826. Les fondateurs avaient, dès l’origine, pour objectif de fédérer les entrepreneurs du territoire et de partager au plus grand nombre les découvertes et connaissances acquises dans des domaines précis. 

Contexte historique

Les fils des premiers manufacturiers mulhousiens de la deuxième moitié du 18ème siècle, envoyés par leurs parents en formation dans les manufactures lyonnaises, mais aussi à Paris, Londres, Berlin, Hambourg, ont pour la plupart été initiés dans des Loges Maçonniques de ces villes. A leur retour ils ont fondé la Loge La Parfaite Harmonie à Mulhouse le 18 septembre 1809. Ils y pratiquaient principalement la solidarité envers les plus démunis. Cette Loge a été un creuset de réflexion intellectuelle et sociale.

C’est Godefroy Engelmann, en 1812 qui a émis l’idée au sein, de la Loge La Parfaite Harmonie de Mulhouse, d’une société: « elle formerait des prosélytes dignes de siéger dans notre atelier et produirait au dehors, des effets souvent peut être plus utiles que des aumônes, elle contribuerait à notre instruction mutuelle qui est un des buts de la M, elle entrerait dans les vues du gouvernement qui cherche partout à faire avancer les arts et nous produirait une multitude d’agrément dont le détail serait trop long…

On y lirait les journaux des autres société savantes avec lesquelles on entrerait en correspondance, les FF qui trouveraient quelques découvertes ou ajouteraient des perfections à des moyens connus seraient priés de les communiquer et éclairées par les connaissances mutuelles… ; on ferait construire des modèles de machines utiles et nouvelles enfin on s’efforcerait de porter l’industrie de plus en plus près de la perfection à laquelle le genre humain puisse prétendre ».

Les évènements politiques : chute de Napoléon, restauration et avènement de Louis XVIII ont gelé provisoirement cette réflexion qui est cependant revenue dans les discussions de la Loge. Au milieu des années 1820, alors que Mulhouse est française depuis seulement 28 ans et que l’industrie connait des difficultés, 17 (puis 22) fabricants fondent une Société d’encouragement pour l’industrie dont le but est « l’avancement de l’industrie par la réunion sur un point central d’un grand nombre d’éléments d’instruction, par la communication des découvertes et faits remarquables ainsi que des observations qu’ils auront fait naître et par tous les moyens qui seront suggérés par le zèle des membres de l’association pour en assurer la prospérité et les heureux résultats qui en doivent naître » .

Les bases de la première « association volontaire d’industriels » en France sont ainsi jetées par des hommes jeunes, mulhousiens (exception de Zuber), protestants, fils ou petits-fils de fabricants et eux-mêmes manufacturiers (la SIM n’est pas fondée par des grands patrons mais elle a leur consentement), et pour une bonne partie d’entre eux membres de la Loge Parfaite Harmonie qui joue ici un rôle important (Engelmann étant « l’inspirateur »). Parmi les fondateurs on trouve des « chimistes », des mécaniciens etc. Leur but est triple : d’abord scientifique et techniques, en effet, les deux premiers comités à voir le jour sont la Chimie et la Mécanique ; ensuite social (les fils d’industriels protestants considèrent qu’une association de philanthropie industrielle est nécessaire face au développement d’une « classe ouvrière » … même si l’utilisation de ce dernier terme est anachronique avant le second XIXe siècle) ; enfin le troisième but est sans doute politique.

Les 22 fondateurs

Adam WEBER

Adam WEBER

(1803-1866)

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C’est le fils d’un fabricant mulhousien.

Silhouette

Charles Jacques NAEGELY

(1799-1866)

Daniel DOLLFUS-AUSSET

Daniel DOLLFUS-AUSSET

(1787-1870)

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Petit fils de Jean Henri Dollfus, l’un des fondateurs de la première fabrique d’indiennes en 1746. Fils aîné de Daniel Dollfus Mieg fondateur de DMC. Après des études de physique et chimie, il a seulement 18 ans quand il prend la succession de son père. Il introduit l’utilisation du lait de chaux dans le blanchiment des cotons. Passionné par l’observation de la nature et particulièrement des glaciers, il a rédigé un ouvrage en 13 volumes en 1864 : « Matériaux pour l’étude des glaciers ». Les photographies réalisées au glacier l’Aar en compagnie de G. Dardel seront les premières au monde pour les paysages alpestres. On lui doit aussi un ouvrage sur la coloration des étoffes. Il a largement contribué à la fondation du Musée de dessin industriel (il fit don d’une riche collection d’échantillons d’étoffes imprimées). Il s’est beaucoup investi dans la vie associative, préoccupé du devenir de ses concitoyens. Il a participé à la gestion de l’orphelinat, de l’école de dessin, a soutenu Jean Macé dans ses projets pour l’instruction primaire.

Daniel KOECHLIN-SCHOUCH

Daniel KOECHLIN-SCHOUCH

(1785-1871)

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Fils de Samuel Koechlin et de Jean Henri Dollfus, les fondateurs de la première fabrique d’indiennes en 1746. En 1800, à 15 ans, il partit à Paris suivre les cours de chimie du professeur Fourcroy. Il fut un des associés de la Maison d’impression sur étoffes Frères Koechlin à Mulhouse. On lui doit le procédé de la teinture en rouge d’andrinople de pièces entières en coton, ainsi que la production de magnifiques mousselines. Il fut l’un des fondateurs de la SIM et à ce titre, en a été nommé Président Honoraire. En 1822, il fut des initiateurs du premier cours et d’un laboratoire de chimie, qui deviendra l’Ecole de Chimie de Mulhouse et un des fondateurs de la Loge La Parfaite Harmonie.

Daniel KOECHLIN ZIEGLER

Daniel KOECHLIN ZIEGLER

(1794-1865)

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Il fut le co-fondateur de l’école de dessin, aujourd’hui école des beaux-arts, de 1827 à 1862. Le bâtiment fut ensuite utilisé pour l’imprimerie Brinckmann dès 1892. Membre important et un des fondateurs de la SIM, il fut le président de sa section d’agriculture.

Emile DOLLFUS-KOHLER

Emile DOLLFUS-KOHLER

(1805-1858)

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Petit fils de Jean Henri Dollfus l’un des fondateurs de la première fabrique d’indiennes en 174, fils de Daniel Dollfus Mieg fondateur de DMC. Frère de Daniel Dollfus Ausset. Après des études à Bruxelles et à Paris au Conservatoire des arts et manufactures, en 1823, il revient à Mulhouse et se familiarise avec la filature et le tissage du coton chez André Koechlin. Il devint en 1826 l’un des fondateurs de la SIM. De 1831 à 1834, il en fut le secrétaire, puis Président, à l’âge de 29 ans, jusqu’à sa mort. Nommé directeur de DMC en 1827, il lança en 1834 le fil à coudre et créa la célèbre marque DMC. Décoré de la Légion d’Honneur le 6 novembre 1849, Emile Dollfus se retira des affaires en 1850. Son intense activité l’a naturellement conduit au Conseil général (1842) et à la Mairie (1843-1849) à la suite de son beau-frère André Koechlin. En 1846 il est élu député du Haut Rhin. Il a créé la première caserne d’infanterie de Mulhouse et fit embellir et assainir la ville. C’est lui qui fait creuser le canal d’écoulement de l’Ill.

Edouard KOECHLIN-REBER

Edouard KOECHLIN-REBER

(1793-1841)

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Après un an chez Pestalozzi et un apprentissage commercial, il est caissier dans l’entreprise familiale Heilmann Frères & Cie. Il repart à Paris pour acquérir une formation technique à la filature Tissot & Rey et au Conservatoire des arts et métiers. De retour à Mulhouse en 1817, il se charge de l’équipement de la filature familiale à Vieux-Thann mise en service en 1819. En 1819, il inventa et mit au point une filature à 10.000 broches, fabriquée par les établissements Rissler et Dixon à Thann, puis perfectionna les métiers à tisser. Il inventa notamment, en 1828, un métier à broder mécanique pour lequel il prend un brevet en Angleterre et surtout la peigneuse mécanique qui sort des établissements Schlumberger de Guebwiller en 1843. Il fut l’un des vice-présidents de la Société Industrielle de Mulhouse. Il a milité contre le travail des enfants en usine. Il fut décoré de la Légion d’honneur en 1828.

Edouard SCHWARTZ

Edouard SCHWARTZ

(1798-1862)

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Il entre en 1817 dans l’établissement de MM. Gaspard Dollfus et Cie pour y faire son apprentissage de coloriste et de fabricant d’indiennes : il obtient la place de coloriste dans la plus grande fabrique de Chemnitz. Revenu à Mulhouse en 1821, il devient associé de la maison Schlumberger-Koechlin dont il se retire, en 1838. Il se livre alors à deux passions, s’instruire et faire le bien. Il est l’un des fondateurs de la SIM pour laquelle et pour ses bulletins, il fournit de nombreux travaux, par exemple : une note sur la préparation et la conservation du chlorure de chaux ou encore une communication pour économiser la vapeur d’eau qui s’échappe des chaudières.

Silhouette

Ferdinand HEILMANN-LISCHY

(1797-1837)

Isaac SCHLUMBERGER-LISCHY

Isaac SCHLUMBERGER-LISCHY

(1792-1866)

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De 1803 à 1815, il dirigea avec ses beaux-frères Alexandre et Jean Koenig la manufacture située près de l’actuelle bibliothèque municipale. Isaac devint associé en 1820 dans la manufacture de toiles peintes « Schlumberger Koenig et Cie » qui devint « Isaac Schlumberger et Cie ». Il fut le premier Président de la Société industrielle de 1824-1829.

Jean François GROSJEAN-KOECHLIN

Jean François GROSJEAN

(1774-1835)

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Beau-frère de Daniel Koechlin Schouch, il fut lieutenant d’artillerie dans les armées de la République durant 1790-1796. Par la suite, il devint l’un des tous premiers dessinateurs mulhousiens d’impression sur étoffes. Il s’associe à son beau-frère Nicolas Koechlin et, comme fabricant d’impression, invente les « mousselines satinées », maison Grosjean-Koechlin.

jeangeorgemieg

Jean Georges MIEG

(1788-1864)

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Il débuta ses études à HEC Paris, puis revint à Mulhouse où il devint directeur d’assurances. Passionné par l’histoire de sa ville, il devint membre du conseil d’administration du Musée historique Sa passion pour la musique en fit un compositeur de pièces pour piano, chant et orchestre. Il était membre du Comité des Beaux-Arts et de l’Utilité publique à la SIM et rapporteur du Musée ethnographique. Il fut également trésorier de la SIM.

Jean Georges SCHLUMBERGER-STEINER

Jean Georges SCHLUMBERGER

(1788-1847)

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Il fut le fondateur de la maison Schlumberger Steiner associé avec son frère Pierre et son beau-frère Mathieu STEINER. A partir de 1829, il devient Membre du conseil municipal, juge au tribunal de commerce, économe et membre du conseil d’administration de la Société Industrielle, président au tribunal de commerce, par ordonnance royale de 1836, et membre de la commission pour l’autorisation du chemin de fer de Mulhouse à Thann – Mulhouse.

Jean MEYER DOLLFUS

Jean Jacques MEYER-DOLLFUS

(1801-1826)

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Il fonde une filature de coton en 1825, mais il décède peu après la création de la SIM.

Jean de Rodolphe KOECHLIN-DOLLFUS

Jean de Rodolphe KOECHLIN

(1800-1887)

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C’est un industriel, économiste et homme politique français. Il a été dirigeant de DMC, maire de Mulhouse de 1863 à 1869 et est à l’origine de nombreuses initiatives sociales (asiles, hospices…). Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1829, promu officier par décret du 18 août 1860, puis élevé à la dignité de commandeur le 30 juin 1867.

Jean ZUBER-KARTH

Jean ZUBER-KARTH

(1773-1852)

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Fils du fondateur de la « Manufacture de papier peint Zuber et Cie », créé en 1792 par Nicolas Dollfus et installée à la Commanderie de Rixheim (Haut-Rhin) en 1797. Après avoir terminé à Paris ses études de chimie, il revient à Rixheim en 1822 comme associé de son père. Il met au point la fabrication industrielle du jaune de chrome et en 1826. Il est à l’origine d’un procédé d’impression au rouleau et de l’emploi de papier mécanique sans fin. Il est l’un des fondateurs de la SIM et surtout son premier animateur. Il en est le président de 1829 à 1834. Il démissionne pour raisons de santé. A son retour en 1840 il fonde une papeterie à l’Ile Napoléon avec Amédée Rieder. Il œuvre constamment pour l’amélioration du sort des ouvriers, comme fondateur, avec Jean Dollfus, de la Société mulhousienne des cités ouvrières et d’une caisse de retraite pour ses ouvriers à Rixheim.

Joseph KOECHLIN-SCHLUMBERGER

Joseph KOECHLIN

(1796-1863)

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Petit-fils de Samuel Koechlin, un des cofondateurs de l’industrie textile mulhousienne, et fils de Josué Koechlin, maire de Mulhouse sous le Premier Empire, Joseph Koechlin-Schlumberger assura la direction de la filature mulhousienne « Schlumberger, Grosjean et Compagnie ». Cofondateur de la Société industrielle de Mulhouse (SIM), il en fut le premier bibliothécaire.

Josué HEILMANN-KOECHLI

Josué HEILMANN-KOECHLIN

(1797-1848)

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Très jeune encore il fut associé à l’honorable M. Nicolas Koechlin, dans la fondation, en 1802, de la maison Nicolas Koechlin et frère. Convaincu des avantages que retireraient les nombreux manufacturiers de notre pays, il fut un des premiers fondateurs de la Société industrielle de Mulhouse. Porté par son mérite et le suffrage unanime de ses collègues à la présidence de cette Société, il n’en accepta que la vice-présidence et conserva ces honorables fonctions jusqu’en 1832, où il partit diriger l’établissement de Lörrach. Bien qu’éloigné de Mulhouse, il n’en resta pas moins un des membres les plus utiles de la Société, dont il a enrichi les bulletins de nombreux mémoires sur différents sujets d’industrie et d’histoire naturelle. Il fut l’époux de Henriette REBER la 1ère “française” née le 15/03/1798.

Léonard SCHWARTZ

Léonard SCHWARTZ

(1802-1885)

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De 1820 à 1822 il fréquente le laboratoire de chimie du baron Thénard à Paris Puis Il fait ses débuts dans l’industrie chez Schlumberger-Grosjean & Cie, sous la direction de son frère aîné Édouard. En 1826, il fut l’un des membres fondateurs de la SIM et devint le premier secrétaire du comité de Chimie. Il part à Moscou comme chimiste dans la manufacture Titoff. Adjoint au maire de Mulhouse de 1843 à 1849, il mit en place des salles d’asile et soutient particulièrement la création de l’Asile agricole de Cernay.

Mathieu THIERRY

Mathieu THIERRY

(1801-1883)

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Il est fondé de pouvoir de la fabrique de toiles peintes Thierry-Mieg et Cie, dirigée par Jean Ulrich Thierry -Mieg.

Charles Jacques NAEGELY

Paul BLECH fils

(1765-1839)

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Porté sur la littérature et sur les langues étrangères. Il s’initie à la chimie appliquée aux arts. Il intervient comme chimiste dans diverses manufactures.

Silhouette

Pierre THIERRY-NAEGELY

(1804-1866)

Ce qu’il faut retenir principalement des fondateurs de la SIM, c’est tout d’abord leur jeunesse (à deux exceptions près ils ont entre 20 et 40 ans). C’est également leur appartenance exclusive à la confession protestante et donc à une culture spirituelle très portée sur la « bienveillance conditionnelle » à la différence d’une charité gratuite. C’est aussi leur ouverture d’esprit étayée par la formation, commune à bon nombre d’entre eux, au sein des Instituts suisses de Lippe et Fellenberg, associant la pratique à la théorie, mais aussi par de nombreux séjours dans les villes d’Europe, centre de l’activité économique de l’époque. C’est enfin, l’appartenance de la majorité d’entre eux à la Franc Maçonnerie et par conséquent leur sensibilité à « l’esprit des lumières ».

 

 

Page réalisée avec le concours précieux de Régis Boulat et René Tessier, membres du groupe de travail « Histoire ».