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La famille Dollfus

La face cachée de la famille Dollfus

 

La rédaction de quarante-six notices Dollfus pour le tome 2 du Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours (DBPF), publié sous la direction de Patrick Cabanel et André Encrevé (Les Éditions de Paris Max Chaleil, 2020), offre l’occasion de porter un nouveau regard sur l’histoire de cette famille et d’en révéler une face cachée. Il ne s’agit pas en l’espèce d’un quelconque scandale, mais du devenir d’une famille hors du berceau mulhousien. Pour autant le DBPF contient ses propres limites, précisées dans le titre : il faut, pour y entrer, être français et se reconnaître, pour les vivants, au moins « de culture protestante ». Par ailleurs, il invisibilise les descendances féminines en fonction de la règle, qui a longtemps prévalu, mais qui est actuellement bousculée, que les femmes ne transmettent pas leur patronyme. Il distingue enfin une élite dont les critères de sélection comportent leur part d’arbitraire. Seules les généalogies offrent la possibilité d’être plus exhaustif : si celle de Max Dollfus remonte à 1909, ses travaux ont été repris et actualisés par Jean-Henri Dollfus (1925-2013) jusqu’en 2007 et sont consultables en ligne sur le site http://www.dollfus.net.

L’intérêt de cette étude est de permettre d’esquisser quelques enseignements et d’apporter des éléments partiels de réponse à des questions qu’on peut légitimement se poser à Mulhouse sur le départ de ses élites et la fuite de ses cerveaux, l’utilisation des fortunes qui y ont été gagnées, et, in fine, sur la désindustrialisation subie au courant du XXe siècle. Au risque de schématiser l’analyse, il est commode de classer ces observations en deux parties, continuités et bifurcations, à la manière d’un bilan.

Continuités

Tous les Dollfus n’ont pas quitté Mulhouse. Deux lignées d’industriels y sont restés fidèles, du moins jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, c’est-à-dire pendant plus de deux siècles. Parmi les quatre fils de Daniel Dollfus-Mieg, fondateur de DMC, un seul, le benjamin Émile (1805-1858) a fait durablement souche à Mulhouse sur plusieurs générations puisque son arrière-petit-fils, Jean (1899-1985) a été une grande figure du patronat mulhousien des Trente Glorieuses. Il est le père de Jean-Henri, né à Mulhouse en 1925 : combattant des Forces françaises libres, il est admis à Saint-Cyr, mais reprend ses études, opte pour l’École centrale et entre en 1949 comme ingénieur à la Fonderie. Il quitte Mulhouse en 1957 et poursuit sa carrière à Villeurbanne, Paris et Zurich avant de prendre sa retraite dans les Cévennes et se consacrer à ses travaux généalogiques. L’autre lignée est celle des descendants de Guillaume Gaspard Dollfus (1817-1879), patron de l’entreprise Dollfus-Dettwiller (qui deviendra Dollfus & Noack), gérée ensuite par trois générations jusqu’à Jean-Jacques Dollfus (1907-1982) qui s’en retire en 1972.

Tous les Dollfus n’ont pas non plus quitté l’industrie, mais certains, peu nombreux il est vrai, ont exercé leurs talents de chef d’entreprise hors d’Alsace : le cousin germain de Jean-Jacques, Jean-Gaspard Dollfus (1917-2011), diplômé de l’École centrale en 1942, fait la majeure partie de sa carrière chez Loockheed où il devient un spécialiste du frein à disque et de son adaptation à l’automobile. Il est de 1972 à 1982, PDG d’Automotive Products France, un important équipementier automobile britannique. Toujours dans l’automobile, Maurice Dollfus (1883-1972), descendant de Mathieu, l’un des quatre fils de Daniel Dollfus-Mieg, est ingénieur de l’École navale. Ami d’Edsel Ford, fils d’Henry Ford, il fait partie des fondateurs en 1929 de Ford – Société anonyme française, dont il devient le patron, conclut l’alliance avec le constructeur strasbourgeois Mathis et crée la société Matford, puis commence en 1937 la construction de l’usine automobile de Poissy qu’il dirige jusqu’en 1950. Il est le père du docteur Paul Dollfus (1929-2019), bien connu à Mulhouse puisqu’il fait le choix d’y revenir en 1965 comme médecin-chef du Centre de réadaptation. Sa fille, Hélène, s’oriente comme son père vers la médecine : elle est depuis 2003 professeur aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, spécialiste mondialement connue en génétique ophtalmique. Elle préside par ailleurs l’association familiale Dollfus-Mieg-Koechlin (DMK).

À la marge de l’industrie, on peut encore citer le cas de Jules Dollfus (1842-1919), descendant de Jean-Henri (1724-1802), le co-fondateur de la première manufacture d’indiennes de Mulhouse, entrepreneur de travaux publics, constructeur de lignes de chemins de fer (Suisse, Roumanie, Algérie) et de ports (Beyrouth, Montevideo, Valparaiso, Tunis, Bizerte, Sousse, Sfax), qui a été en outre adjoint au maire d’Oran (1886-1890) avant de se réinstaller à Paris.

Un autre élément de continuité est l’appartenance aux élites sur sept ou huit générations depuis la fin du XVIIIe siècle. C’est le propre de ces grandes familles bourgeoises protestantes que l’on retrouvera également chez les Koechlin ou les Schlumberger, mais qui ne va pas non plus de soi puisqu’elle contrevient à la soi-disant loi des trois générations qui voudrait que la troisième génération dilapide l’héritage laborieusement accumulé par les deux premières. Chez les Dollfus, c’est au contraire la troisième génération depuis l’acte fondateur de 1746, celle des fils de Daniel Dolffus-Mieg, Daniel, Mathieu, Jean et Émile, qui est la plus marquante, comme le sont Nicolas, Daniel, André et quelques autres encore chez les Koechlin. Quatre ou cinq générations plus loin, ces familles occupent toujours le haut du pavé dans leurs spécialités. On pourrait compter les élèves des grandes écoles scientifiques, les titulaires de la Légion d’honneur, les grands mariages, mais on est surtout frappé en lisant ces biographies de dénombrer les faits d’armes remarquables au service de la France au cours des guerres franco-allemandes. Citons seulement, parmi d’autres, Georges Dollfus (1875-1945), ingénieur centralien, gérant de Dollfus & Noack : capitaine en 1918, Croix de guerre avec quatre citations, il reprend du service en 1939 comme chef d’État-major à Chaumont, puis organise à partir de Belfort un réseau d’évasion pour les jeunes Alsaciens qui cherchent à échapper au RAD. Arrêté en mai 1941, il est interné au Struthof, puis à Dachau où il survit trois ans avant de mourir du typhus peu avant la libération du camp.

Enfin, si les mariages mixtes d’un point de vue religieux ont tendance à brouiller les pistes avec le temps, la fidélité au protestantisme est souvent repérable. Elle l’est particulièrement lorsqu’il s’agit d’un pasteur, René Dollfus (1918-1999), frère cadet de l’industriel mulhousien Jean-Jacques Dollfus, missionnaire en Nouvelle-Calédonie dans les années 1950, avant de revenir exercer son ministère en France et en Suisse.

Bifurcations

Les lignées de Dollfus restées à Mulhouse sont moins nombreuses que celles qui sont parties. On observe d’abord que ce départ est souvent bien antérieur à la Guerre de 1870. Il s’explique aisément par le développement international des entreprises Dollfus au XIXe siècle qui conduit les membres de la famille à voyager et, pour certains d’entre eux, à s’installer à Paris, au Havre, ou à fonder de nouvelles entreprises, succursales ou non, en France et à l’étranger. Ainsi Mathieu Dollfus (1799-1887), fils de Daniel Dollfus-Mieg, représente DMC à Paris à partir de 1832, ses enfants s’allient à de grandes familles de Paris ou de Lyon (Davillier, Galline, Bourgoing, Haussmann, Vergé du Taillis) qui les éloignent définitivement de Mulhouse où ils sont nés.

La Guerre de 1870 n’a pas joué un rôle déterminant dans les choix des Dollfus et n’a pas entraîné d’exode. Au pire, elle a obligé certains à des contorsions : Émile Dollfus (1862-1945) adopte la nationalité suisse, passe son baccalauréat à Paris et y fait ses études d’ingénieur à l’École centrale. Il revient à Mulhouse en 1886, puis se fait embaucher en 1895 à Belfort dans la filature de Georges Koechlin, reprend la nationalité française et s’installe à nouveau à Mulhouse en 1902 pour entrer à la SACM. Choisir un domicile en France, y faire ses études, combattre dans les rangs de l’armée française, ce sont des attitudes que l’on retrouve également chez les patrons de l’entreprise Dollfus & Noack.

L’autre bifurcation majeure, déjà bien soulignée par Michel Hau, est le passage de l’industrie à la science avec un intérêt particulier de la part des Dollfus pour les disciplines reposant sur l’exploration de la nature. Daniel Dollfus-Ausset (1797-1870), fils aîné de Daniel Dollfus-Mieg, montre la voie en combinant dans un premier temps sa carrière de chimiste associé à DMC (jusqu’en 1856) avec une passion pour la glaciologie qui commence par une première expédition en 1840 sur la glacier de l’Aar et aboutit à la publication des Matériaux pour l’étude des glaciers en quinze volumes et un atlas de planches chromolithographiques (1863-1870). Sans lien apparent avec cette expérience, son lointain cousin Auguste Dollfus-Gros (1840-1869), fils d’un négociant du Havre où il naît, ingénieur des mines, accompagne en 1864 comme géologue et paléontologue le corps expéditionnaire du Mexique, dresse la carte géologique de Mexico, puis explore l’Amérique centrale dont il rapporte un ouvrage, Voyage géologique dans les républiques de Guatémala et de Salvador (1868). Peu après avoir épousé à Wesserling Salomé Gros, fille d’Aimé Gros et de Sophie Koechlin, il meurt au Havre d’une maladie contractée pendant son voyage. Dans une toute autre branche de la famille, voilà Gustave Frédéric Dollfus (1850-1931), né à Paris, géologue de formation, spécialiste des formations tertiaires du Bassin parisien, président de la Société géologique de France en 1896 et 1919. Son fils Robert Philippe (1887-1976) accompagne Charcot et le Pourquoi-pas ? et se spécialise en parasitologie des espèces marines. Directeur de recherche au CNRS à partir de 1944, président de la Société française de parasitologie de 1962 à sa mort, il laisse une œuvre immense, riche de 400 titres d’ouvrages et d’articles.

Mais c’est surtout dans la descendance de Jean Dollfus (1800-1887) que l’on retrouve ce goût pour l’exploration, pour la science en général et un haut niveau intellectuel. En même temps, le suivi de cette lignée permet de retrouver la problématique du départ de Mulhouse, de l’abandon de l’industrie et de la dispersion des fortunes. On sait que Jean Dollfus, patron de DMC en quête de successeurs, a été plus heureux avec ses gendres Engel-Dollfus, Burnat ou Koechlin, qu’avec ses quatre fils, dont deux sont d’ailleurs morts prématurément. Restaient Jean et Charles. Le second, Charles (1827-1913) est bien reçu à l’École centrale, mais il échoue à entrer en seconde année et s’oriente finalement vers le droit. Devenu avocat, il accepte néanmoins de commencer un apprentissage commercial chez DMC en 1853, mais publie en 1855 un premier roman et un essai qui convainquent sa famille de ses talents littéraires. Il s’installe à Paris en 1856 où il entame une brillante carrière littéraire. L’un de ses fils, Lucien (1858-1905) est un spécialiste du Moyen Âge espagnol. Quant à Jean (1823-1911), il est admis comme associé de DMC en 1857, mais il ne s’entend pas avec ses beaux-frères, ni même avec son père, si bien qu’il est exclu de la direction par un conseil de famille en 1863. Il prend alors des leçons de peinture, voyage et se passionne de plus en plus pour sa collection d’œuvres d’art commencée en 1846. La défaite de 1870 ne fait que précipiter une évolution inéluctable : il quitte définitivement DMC et Dornach et s’installe à Paris où il se fait construire en 1877 un hôtel, 35, rue Pierre-Charron, pour servir d’écrin à sa collection. Après sa mort, celle-ci est dispersée en cinq ventes à la galerie Georges Petit. Le Louvre acquiert six œuvres.

Son fils Adrien (1858-1921) n’a pas besoin d’exercer un emploi rémunéré. Mais bien loin de dilapider la fortune acquise dans une vie de plaisirs, il se consacre à la recherche scientifique, en l’occurrence à la description systématique des crustacés isopodes terrestres et fluviatiles, autrement dit, des cloportes. Il devient en 1912 président de la Société zoologique de France. Il a acheté en 1898 une propriété à Lyons-la-Forêt, dans l’Eure, qui sera le point de ralliement de sa descendance. Mulhouse est désormais loin…

Cette descendance est assez remarquable et illustre cette capacité de rebond propre aux grandes familles tel que les a définies Michel Hau. Sauf que ce rebond ne s’opère pas ici dans la sphère économique et le monde de l’entreprise, mais dans celle des sciences et de la culture. L’aîné de ses fils, Jean (1891-1983) est un brillant étudiant qui sort deuxième de l’École libre des sciences politiques, mais son avenir est obéré par un service militaire de trois ans suivi d’une guerre de quatre ans qu’il termine avec la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palme. Après 1918, il se tourne vers la peinture qu’il associe à une passion pour la géographie pour réaliser des cartes touristiques, notamment une carte de l’Alsace ornée dans les marges de seize vues de sites remarquables, et plus tard des atlas. Il dirige de 1930 à 1945 l’Institut cartographique de Paris, puis est nommé administrateur aux affaires culturelles à Tübingen en zone d’occupation française (1945-1952). Ami de Carlo Schmid et de Théodore Heuss, il joue un rôle actif dans le rapprochement franco-allemand.

Son frère Charles (1893-1981) est aéronaute, historien de l’aéronautique et co-fondateur, puis directeur du Musée de l’air de Meudon. Il est le père d’Audoin Dollfus (1924-2010), astronome et aéronaute, qui promeut l’ascension en ballon pour réaliser des observations au-dessus des basses couches de l’atmosphère : le 22 avril 1959, il atteint 14 000 m d’altitude dans une sphère en aluminium suspendue à une grappe de 105 ballons pour observer Vénus. Sa fille Ariane, née en 1966, journaliste, a publié des biographies de Noureev et de Béjart.

Le troisième membre de la fratrie est Marc-Adrien (1896-1978), ophtalmalogiste, chef de service aux hôpitaux de Paris, qui acquiert une réputation internationale par ses travaux sur le traitement des tumeurs de l’œil et sa pratique chirurgicale, notamment l’opération du décollement de la rétine. Cette activité professionnelle se double d’une passion pour l’histoire et l’archéologie qui le conduit à des recherches sur la médecine oculaire sous l’Antiquité et au Moyen Âge et sur l’histoire de Lyons-la-Forêt.

Marchant sur les traces de son père et de sa mère, Elisabeth, née Odier (1898-1998), pédiatre, première femme chef de clinique en France, Dominique Samson-Dollfus (1928-2016), est professeur à la faculté de médecine de Rouen, spécialiste du développement cérébral du nouveau-né. Elle est la mère d’Yves Samson, chef de service neurologique à la Pitié-Salpétrière, et de l’historienne d’art Ségolène Le Men.

Frère cadet de Dominique, Olivier Dollfus (1931-2005), part à Lima en 1957 pour préparer une thèse de géographie sur la géomorphologie des Andes centrales. Il enseigne à l’université de Strasbourg de 1964 à 1967 avant d’être nommé professeur à la Sorbonne. C’est un des maîtres de l’école de géographie française, spécialiste de L’Espace Monde et de La Mondialisation, deux de ses ouvrages parus en 1994 et 1997. Il transmet son goût des voyages à une de ses filles au moins, Pascale (née en 1960), ethnologue, chargée de recherche au CNRS, spécialiste des population du Ladakh.

Enfin Geneviève (née en 1938), sœur de Dominique et d’Olivier, est archéologue, directrice de recherche au CNRS qui lui attribue une médaille d’argent en 1999. Ses travaux portent sur la préhistoire et la protohistoire des Proche et Moyen-Orients, notamment en Iran.

Cette préférence pour les carrières scientifiques laisse peu de place à d’autres voies qui pourraient ouvrir les portes d’un dictionnaire biographique : les Dollfus, du moins ceux qui ont l’âge d’avoir fait leur vie, sont désormais peu présents dans les affaires, ne le sont plus en politique et ne l’ont jamais été dans les arts. Jean Dollfus (1800-1887) a été le dernier député de la famille. Francis Dollfus (1940-1982) paraît être le seul haut-fonctionnaire : énarque de la promotion Turgot en 1966-1968, il devient sous-préfet avant d’entrer dans les cabinets ministériels de Françoise Giroud, Michel d’Ornano et Raymond Barre, puis d’être nommé en 1980 directeur de l’Institut français d’architecture dont il est évincé en janvier 1982.

Au-delà de ces quelques observations, il serait hasardeux de tirer des conclusions générales à partir du survol de cette histoire familiale. La part des impondérables de la vie joue également son rôle dans le devenir des familles qui est loin d’être linéaire et toujours prévisible. Parmi les fils de Daniel Dollfus-Ausset, Jean-Daniel (1823-1860), brillant chimiste et président de la SIM à trente-cinq ans, meurt prématurément deux ans plus tard sans descendance. Son frère, Gustave (1829-1905), devient  le numéro un de DMC à la mort de Frédéric Engel-Dollfus, puis le président de son conseil de surveillance de 1890 à 1905. Mais ses centres d’intérêt sont ailleurs : il se passionne pour l’agronomie et met en œuvre ses idées progressistes dans son domaine de Djidjelli, en Algérie où il trouve la mort. Pourquoi son fils Léopold-Daniel (1862-1929) s’engage-t-il comme simple soldat dans l’armée française ? Par patriotisme sans doute, mais encore ? Il finit lieutenant et chevalier de la Légion d’honneur, au terme d’une carrière qu’on devine obscure pour ce fils de famille. Ses deux fils Daniel (1890-1916), officier d’active, et Pierre (1895-1915)  meurent pour la France pendant la Grande Guerre. Le premier a un fils posthume, Daniel (1916-2017), personnage étonnant et difficile à cerner, diplômé en lettres, droit, économie politique et médecine, et de fait, médecin, consultant en management, politiste, auteur de nombreux ouvrages dont deux sont préfacés par Louis Armand et Stéphane Hessel ! Comme on peut le constater, les descendants de Daniel Dollfus-Ausset suivent une trajectoire sinueuse qui s’écarte tout autant du modèle des Dynasties alsaciennes que d’un goût pour la recherche scientifique qui se transmettrait de père en fils.

Il n’y a aucune raison de penser que la « saga des Dollfus » s’interrompe et que la famille cesse d’être un vivier de talents. Mais Mulhouse a cessé d’en profiter, depuis longtemps déjà. Contrairement à d’autres grandes familles d’industriels, les Peugeot, Michelin, Dietrich ou d’autres encore, les Dollfus, pas plus que les Koechlin d’ailleurs, ne se sont  identifiés à une entreprise qui les auraient retenus sur place. Les forces centrifuges l’ont emporté dès le XIXe siècle. C’est ce qui a permis à cette grande famille mulhousienne de devenir une grande famille française.

Nicolas Stoskopf