Atelier collaboratif avec le GT Performance des Entreprises

Le groupe de travail « Performance Des Entreprises » a eu l’occasion de se retrouver, à distance, lors d’un atelier collaboratif proposé et animé par Jérôme Aubert – Membre de la SIM. Cet atelier avait pour thème « Est-ce que j’innove vraiment ? ». Nous avons utilisé le dispositif du « World Café », dynamique et 100% digital, qui consiste à diviser le groupe en 4 équipes donc 4 salles Zoom, pour permettre la réflexion autour de 4 questions, sur 4 comportements clés.  Retrouver la restitution de nos hôtes de table ci-dessous ! 

Restitution de nos hôtes de table

Salle ZOOM 1 : Les entreprises qui innovent partent du principe qu’il existe toujours de meilleure façon de faire ailleurs.

Hôte de table : Natacha PIMMEL – SIM

Quels sont les problèmes majeurs qui se posent si ce comportement n’est pas mis en place ?

Le risque majeur de cet immobilisme s’articule autour de 3 axes :

  • L’impact marché : Si l’entreprise s’immobilise, elle n’innove plus. Elle est copiée pour mieux et moins cher, perdant ainsi son leadership et par conséquent des parts de marché, amenuisant par là même sa capacité à financer l’innovation.
  • L’impact clients : l’offre devenue obsolète ne séduit plus, elle perd ses clients.
  • L’impact humain : ces effets entament la productivité et donc la motivation des collaborateurs.

C’est un cercle vicieux que l’on observe conduisant à la disparition de l’entreprise.

Un exemple : les fabricants de téléphones fixes qui n’ont pas fait évoluer leurs produits vers les mobiles et ont ainsi périclité.
Un contre-exemple : l’aviation qui a développé le low-cost et concurrencé ainsi le train.

Quelles sont les causes de ces problèmes ?

Deux causes majeures sont identifiées :
1. La culture de l’entreprise : on se conforte dans ce que l’on connait, développant une forme de conservatisme et des prises de risques contrôlées.
2. La taille de l’entreprise : plus on a de strates dans l’entreprise, plus le risque d’immobilisme est grand.

La lourdeur engendre la perte de motivation et de fibre entrepreneuriale au sein de la structure : à nouveau une dynamique négative.
Un contre-exemple : Google.

Quels seraient les pistes de solution pour résoudre ces problèmes ?

Observer => Interroger => Comprendre => Donner du sens !

  • Incarner l’innovation : par la direction et les leaders pour la porter au sein de la structure. Recruter si besoin.
  • Développer la connaissance et le partage d’informations en interne en observant et partageant des exemples
  • Ouvrir la réflexion à tous : la connaissance est chez ceux qui sont proches du terrain, il faut qu’ils puissent partager des informations, des idées et que celles-ci bénéficient d’un vrai retour (concrétisation, refus)

Quelle seraient les conditions de réussite de la mise en œuvre de ces pistes de solution ?

  • La conviction du dirigeant est fondamentale
  • Savoir mettre de côté son égo : tant la direction qui sera remise en question, que les collaborateurs qui devront raisonner pour un but commun (on rame dans le même sens !)
  • Se donner les moyens financiers et humains pour :
    o Mettre en place des outils (boîte à idées, réunion d’échanges, analyse et partage des tendances majeures, …),
    o Se dégager du temps pour penser l’innovation (tant pour le dirigeant que les collaborateurs)
  • Chercher des ressources à l’extérieur, s’ouvrir
  • Avoir une vision, une stratégie claire et partagée, et des objectifs quantitatifs.

Salle ZOOM 2 : Les entreprises qui innovent se concentrent sur la compréhension profonde des clients

Hôte de table : Christophe THIL – Blueboat

Quels sont les problèmes majeurs qui se posent si ce comportement n’est pas mis en place ?

  • Louper / rater des changements sociétaux
  • Oublier le client final / chaine de valeur
  • Croire que nos clients resteront captifs
  • Créer la confiance
  • Aller plus loin que la demande du client
  • Ne pas pouvoir répondre au client en com / commercial
  • Manquer des marchés
  • Ne pas voir venir des concurrents
  • Erreur d’investissement
  • Evolution de l’offre
  • Motivation des équipes / car pas suivi les tendances
  • L’Homme
  • Risque de les perdre
  • Réactivité / anticipation

Quelles sont les causes de ces problèmes ?

  • La posture de l’entreprise :
    o Sachant, elle a l’habitude d’être dans une communication descendante
    o Elle apporte des réponses aux actionnaires avant de penser au client de A à Z
    o La connaissance des clients n’est pas partagée
  • Le manque d’échanges avec le client : on ne voit pas l’évolution de nos clients,
    o Peur de subir
    o La peur d’entendre le retour de nos clients
    o Pas assez de temps
    o La routine
  • Le manque de communication interne :
    o Organisation interne
    o Structuration
    o Pas assez de ressources
    o Pas assez de temps
    o La routine

Quels seraient les pistes de solution pour résoudre ces problèmes ?

  • Planifier les échanges / sur différents sujets / thématiques
  • Définir le processus de veille
  • Veille importante
  • Allouer du temps dans les fiches de poste
  • Espaces d’échanges (Réseaux sociaux par ex)
  • Inciter les clients à le faire
  • Adapter le langage aux clients

Quelle seraient les conditions de réussite de la mise en oeuvre de ces pistes de solution ?

  • Mettre le client au centre de l’organisation
  • Faire des groupes de clients
  • Replacer l’échange dans le parcours client
  • Définir l’expérience client
  • Point de contact permanent pour le client / vision précise du client
  • Infos collectées soient utilisées … valoriser l’information
  • Lean start-up
  • Construction amélioration permanente

Salle ZOOM 3 : Les entreprises qui innovent collaborent au sein et au-delà de leur organisation

Lucas HUSSON

Hôte de table : Lucas HUSSON- EDF Hydro

Quels sont les problèmes majeurs qui se posent si ce comportement n’est pas mis en place ?

Elles tournent en rond – Le sujet concerne la collaboration et communication. En matière d’innovation, le concept d’open-innovation est de plus en plus présent. Avant, l’innovation était « secret » et on mettait des années avant de sortir des choses. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus court et donc beaucoup plus efficace.

  • Manque de partage d’idée le cas contraire
  • Si on ne communique pas avec les équipes, on perd le sens et c’est compliqué d’emmener tout le monde sur un même projet
  • Le manque d’échange et de collaboration entraîne également un manque de stimulation
  • Le partage d’expérience permet d’avancer beaucoup plus vite : je donne et je reçois en échange
  • Le manque d’ouverture et d’échange restreint le nombre d’idées. – au final, on travaille dans un milieu étriqué – l’accès à l’information va être difficile
  • Qui ne progresse pas régresse : si l’on stage, on va perdre des parts de marché et on risque de disparaître
  • Dans l’aspect concurrentiel, si l’on « court après », on risque de ne pas être suivi… – au final, ça revient à ne pas prendre de risque et être moins entrepreneur – si on ne collabore avec l’externe, on peut quand même innover, mais on risque d’être dans un processus beaucoup plus lent au lieu de se servir de l’expérience des autres –
  • Le manque de collaboration mène à l’effet silo

Quelles sont les causes de ces problèmes ?

  • Peut être un problème de personne, individualiste
  • Problème de culture d’entreprise, de peur de l’extérieur,
  • Pas mal d’idées préconçues. Même pas dans l’innovation technologique, si on regarde uniquement dans son champ de connaissance et de compétence, il manque toutes les idées qui permettent de sortir de son cadre. Lié à l’enseignement et l’éducation française.
  • Un problème et de process : nécessite du temps, voire des moyens. Si l’organisation ne consacre pas du temps sur le partage, ça ne peut pas fonctionner que ça soit à l’interne ou à l’externe (travail de réseau pour sentir les tendances).

Quels seraient les pistes de solution pour résoudre ces problèmes ?

  • Consacrer du temps
  • Faire appel à des intervenants extérieurs pour créer un effet de souffle – Formation des managers et de l’ensemble des collaborateurs pour aller au-delà
  • Nécessité de méthodes d’innovation au sein de l’entreprise
  • Encourager le travail collaboratif
  • Intégrer des réseaux d’entreprise. Partage sur son sujet et au-delà.
  • Dématérialisation pour favoriser le travail collaboratif : plus de limites géographiques
  • Impulsion par le patron : idéation permanente, boite à idées – Une fois que les propositions sont faites, il faut un plan d’actions pour concrétiser. Montrer que ça fonctionne.
  • Trouver des financements, notamment publics (état, Europe) et connexion avec les centres de recherche pour injecter des idées nouvelles
  • S’associer à des start-ups pour développer des idées nouvelles

Quelle seraient les conditions de réussite de la mise en oeuvre de ces pistes de solution ?

  • Nécessité que les collaborateurs y croient. Il faut réussir à convaincre : cela vient du dirigeant qui doit avoir une vision
  • Le dirigeant doit donc être un leader qui porte l’idée, développe la culture d’entreprise.
  • C’est un travail quotidien pour que tout le monde y croit
  • Travail en amont à faire pour détecter les profils qui pourraient relayer la dynamique, sans forcément être dans la hiérarchie
  • Faire un point d’étape régulier pour montrer que ça fonctionne.

Salle ZOOM 4 : les entreprises qui innovent reconnaissent que le succès implique des expérimentations, une itération rapide et des échecs fréquents. Elles donnent à leurs collaborateurs les moyens de prendre des risques mesurés.

Sebastien MAITRE

Hôte de table : Sébastien MAITRE- 4itech

Quels sont les problèmes majeurs qui se posent si ce comportement n’est pas mis en place ?

Syndrome du « on a toujours fait comme ça et ça marche »

  • Repli sur soi
  • Limite les champs des possibles
  • Perte d’opportunités – ne plus être focus sur le client et son besoin, rester centré sur l’offre de l’entreprise
  • Fonctionnement d’innovation incrémentale (par petits pas) avec risques de se faire doubler par des concurrents qui apportent une rupture (ex : Kodak, Tesla)

Pour les collaborateurs

  • Perte de sens des collaborateurs innovants
  • Démotivation, routine
  • Reste dans sa zone de confort

Quelles sont les causes de ces problèmes ?

« On a toujours fait comme ça » / « Ça ne marchera jamais »

  • Culture d’entreprise : on a un processus/produit qui marche depuis des années, c’est bien le signe qu’on fait les choses comme il faut …
  • Rassurant pour les plus anciens, car un processus connu fonctionne => recherche d’une zone de confort
  • Le dirigeant obtient au mieux ce qu’il prône => S’il n’a pas la culture du risque, ses équipes non plus
  • La peur de l’échec : ce n’est pas facile d’expliquer qu’on travaille sur un projet qui n’a pas donné les résultats escomptés (voir les profils LinkedIn : assez peu de partage d’échec)
  • Le temps : l’accélération de l’économie fait qu’on ne se donne pas le temps d’itérer = ça doit marcher du 1er coup

Quels seraient les pistes de solution pour résoudre ces problèmes ?

Message clair de la part du management + actes associés : rien ne sert de se déclarer comme passionné d’innovation si on sanctionne ceux qui prennent des risques (dont moindre promotion). Les dirigeants doivent assumer les échecs, mettre en avant ceux/celles qui osent.
Mettre en place un processus d’innovation

  • Revue d’idée régulières avec un « jury » de profils différents (entrepreneurs, gestionnaires, …)
  • Groupes de travail pour réfléchir à des pistes d’amélioration (incrémentale ou rupture)
  •  Veille concurrentielle / marché
  • Prévoir des ressources pour développer l’innovation (appui de consultant, budget « risques » dans les projets ou développement d’idées, …))

Quelle seraient les conditions de réussite de la mise en oeuvre de ces pistes de solution ?
Avoir une charte portée par l’entreprise et au plus haut niveau
Intégrer dans les budgets le risque d’échec sous forme d’expérimentation
Faire des points réguliers qui permette de lever les verrous
Laisser du temps aux collaborateurs ayant une idée pour développer leurs idées